Le parfumeur Jacques Cavallier releva le gant. « Vous sentez le sable mouillé ? C’est du salicylate de benzyle ; un composant des crèmes solaires. »
Le défi de Guerlain
Entre anecdotes (le défi de Guerlain à son neveu, recréer l’odeur de jonquille en une nuit) et pédagogie (les notes de tête, de cœur, de fond), on suit avec délice ces associations sensibles, traquant la bergamote de Vol de nuit dans les disques solaires de Delaunay ou la violette de Flower dans le nuage kawaii de Murakami. Visite enivrante dont le seul tort est de se cantonner à trois petites dates. On n’a pas tous les jours l’occasion de respirer la Joie de vivre.
Nouvelle visite le 6 décembre. Le 8 novembre, visite pour non-voyants et malvoyants. Réserver par mail jbarthelemy@mairie-lille.fr
Le palais des Beaux-Arts a eu du flair en proposant trois « visites olfactives » de l’exposition Joie de vivre. Caroline Caron et Pascale Wattinne ont concocté à quatre mains cette passionnante et inédite déambulation à la croisée des sens. La parfumeuse guide les nez, la guide-conférencière les yeux. « Une synesthésie », jubile Estelle, mouillette à la main, citant Baudelaire avant d’enchaîner par une image plus universelle : « On a l’impression de plonger dans un grand bain. »
L’Air du soir, le coucher de soleil néo-impressionniste d’Henri-Edmond Cross, exhale les notes de cèdre et de figue du Jardin en Méditerranée d’Hermès. Des effluves marins nous montent à la tête en découvrant Deux femmes courant sur une plage, la gouache de Picasso. La note iodée est celle d’Eau d’Issey, un standard des années 90, dont Caroline Caron rappelle le défi : « Retrouver l’odeur de l’eau sur une peau de femme. »
Au palais des Beaux-Arts à Lille, une visite de l’expo Joie de vivre au parfum d’inédit
Pris d’une belle inspiration, le musée organise trois visites olfactives de la grande exposition de la saison lille3000. Les yeux dans les œuvres, le nez sur une bandelette, une exploration pleine de sens.Des taches de soleil s’accrochent sur la nappe blanche. Les couverts tintent, la mariée trinque, une fillette serre des coquelicots. Le groupe de visiteurs a les yeux sur le Repas de noces à Yport. Et le nez sur Eau de campagne, de Sisley. Comme on accorde un vin à un plat, Caroline Caron a choisi ce parfum pour accompagner le tableau champêtre d’Albert Fourier. L’air se charge de citron, de basilic, de bergamote, liste la parfumeuse à l’intention des nez bouchés. « Ça rappelle la tarte aux pommes de mémé », juge un garçon. Il y a autre chose, mais quoi ? On hume la seconde bandelette distribuée, où se lit la réponse : « Feuilles de tomates. » Une idée de Jean-Claude Ellena, créateur de la fragrance, qui cultivait le fruit chez lui.